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VOYAGE D ′UNE FEMME

Longmount, avons accepté sa proposition. Mrs Edwards se mit tout de suite à faire du pain pour trois jours ; on découpa des tranches sur le bœuf si commodément suspendu, et l’on y ajouta du thé, du sucre et du beurre. Notre pique-nique ne devait pas être luxueux car afin d’éviter la dépense d’une mule de somme, nous… avions limité nos bagages à ce que la selle de nos chevaux pouvait porter. Derrière la mienne, j’avais trois paires de couvertures de campement et un couvre-pied qui m’arrivaient aux épaules. Mes bottines étaient si usées qu’il m’était pénible de marcher, même dans le parc et Evans m’avait prêté une paire de bottes de chasse qui pendaient à ma selle. Les chevaux des deux jeunes gens étaient également chargés, car il fallait nous attendre à supporter de grands froids. Jim avait un tenue choquante. Il portait une vieille paire de grandes bottes dans lesquelles était retroussé un pantalon peau de daim, attaché par une écharpe usée ; une chemise de cuir et, par-dessus, trois ou quatre gilets en loques non boutonnés ; un feutre râpé à grands bord : d’où s’échappaient des boucles fauves et mal peignées Avec son seul œil, un long et unique éperon, un couteau à la ceinture, un revolver dans la poche de son gilet, avec sa selle recouverte d’une peau de castor d’où pendaient les pattes, ses couvertures derrière lui, son fusil en travers de la selle, sa hache, sa cantine et d’autres objets suspendus à la fourche, il avait l’air du plus épouvantable bandit. Par contraste, il montait une petite jument arabe d’une beauté exquise ; légère, pleine d’audace, douce, mais pas assez forte pour lui, et il l’irritait incessamment pour en faire parade.