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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

Evans conduit dans les montagnes un chariot attelė de quatre chevaux ; il ne serait pas difficile à un ingénieur du Colorado de faire une route pour les voitures. Dans plusieurs des ravins sur lesquels court le sentier, on voit les débris de chariots renversés en voulant imiter les exploits d’Evans ; si je ne les avais pas vus, je les croirais impossibles, car la route est effroyable. Les seuls settlers du parc sont Griffith Evans et un homme marié établi un mille plus haut. À quatre milles, à l’entrée du ravin, se trouve la hutte de Mountain Jim, et, sur une étendue de dix-huit milles, il n’y a point d’autre habitation dans la direction des plaines on n’a point levé de plan du parc, et, au delà, l’immense étendue du pays montagneux est presque entièrement inexplorée. Des chasseurs de daims viennent parfois camper ici ; mais les deux settlers, qui ne sont cependant que des squatters, sont, pour différentes raisons, peu disposés à encourager les visiteurs de cette espèce.

Lorsque Evans, qui est un chasseur très-habile, arriva ici, ce fut à pied, et pendant quelque temps après s’y être établi, il traversait les montagnes, portant sur son dos la farine et les choses nécessaires à l’existence des siens.

Ayant l’intention de faire d’Estes-Park mon quartier général jusqu’à l’arrivée de l’hiver, il faut que je vous fasse connaître ce qui m’entoure et ma manière de vivre. « Le château de la reine Anne » est représenté par une log-cabin faite de gros troncs d’arbres taillés à la hache. La chaux et la boue qui devraient remplir les interstices font défaut. Le toit est formé d’écorce