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AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

masculine, et reçoivent fréquemment des additions temporaires ; les lits sont continuellement occupés par des gens différents, pendant la plus grande partie des vingt-quatre heures. Je trouvai, en conséquence, le lit et la chambre qui m’étaient alloués très en désordre. Des habits d’homme et des bâtons étaient suspendus au mur ; des bottes crottées étaient jetées çà et là, et, dans un coin, il y avait un fusil. Point de fenêtre donnant accès à l’air extérieur. Je m’endormis profondément et ne fus réveillée qu’une fois, par l’augmentation du vacarme dans lequel j’avais commencé mon sommeil, varié par trois coups de pistolet tirés rapidement l’un après l’autre.

Ce matin, Truckee avait un aspect tout à fait différent. La foule de la nuit précédente avait disparu. Là où étaient les grands feux, il n’y avait plus que des monceaux de cendre. Un garçon allemand tout endormi semblait être la seule personne de l’établissement, Les cafés en plein air étaient presque déserts, et, seuls, quelques fainéants somnolents erraient dans ce qu’on appelle la rue. On eût dit un dimanche : mais ici, paraît-il, il apporte un redoublement de foule et de gaieté. Le culte public a disparu ; ce jour-là, le travail cesse, mais on s’adonne au plaisir. Je mets dans un sac quelques objets indispensables, et, passant mon costume de cheval hawaien sur une jupe de soie, un cache-poussière par-dessus le tout, je traverse furtivement la plaza jusque chez le loueur de chevaux qui à le plus grand établissement de Truckee ; douze beaux chevaux occupaient des stalles, de chaque coté d’un large passage. Mon ami de la veille au soir me montra son harna-