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VOYAGE D′UNE FEMME

ture. Son principal centre est l’ébauche de ville minière de « Fairplay », mais on dit qu’il y a de grandes richesses minérales dans différents districts. Le pays a été envahi ; des campements de mineurs se sont élevés à Alma et à d’autres endroits ; les mœurs y sont tellement effrénées et brutales, que des comités de vigilance, considérés comme indispensables, sont en train de se former. Pendant les hivers ordinaires, South-Park est à peu près fermé par la neige ; dans ce moment, les grands chariots de chargement apportent les dernières provisions de la saison et emmènent les femmes et les habitants de passage. Il y vient beaucoup de monde pendant l’été. L’air raréfié exerce sur les poumons une oppression accompagnée d’hémorrhagie. On reconnaît, dit-on, un nouvel arrivant en le voyant se promener tenant à la bouche un mouchoir taché de sang. Quant à moi, j’arrivais de régions neigeuses et glacées, et comme la neige qui était tombée sur le parc avait entièrement disparu par évaporation et dans les rafales, cela me fit l’effet d’un pays moins élevé et habitable, bien que solitaire et d’une tristesse indescriptible ; mer silencieuse faisant songer au bruit de la rame assourdie. Je parcourus au galop la partie la plus étroite, enchantée d’avoir franchi la neige, et lorsque j’atteignis la grande route de Denver, je supposais que toutes les difficultés du voyage dans les montagnes avaient disparu ; il s’est trouvé que ce n’était pas précisément le cas.

Un cavalier me joignit bientôt et fit la route avec moi ; il me procura une nouvelle monture et m’accompagna pendant dix milles. Il avait une tournure pitto-