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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

Edwards, restés seuls, s’attendaient cependant à me voir revenir.

Samedi, bien que pareil à un brûlant jour d’été, fut d’une beauté merveilleuse, et, après le coucher du soleil, le crépuscule plus riche, plus rouge que je l’aie jamais vu. Or, ce violent cramoisi présageait une chaleur terrible qui se produisit hier et était pénible à supporter. J’allai deux fois à l’église épiscopale, où le service était admirablement lu et chanté ; dans cette ville, où les hommes sont en majorité, la congrégation était surtout composée de femmes, qui agitaient leurs éventails de manière à vous faire perdre l’esprit. À l’exception des gens se rendant à l’église, presque rien n’indiquait que ce fut un dimanche. Denver était rempli de tapageurs des camps miniers des montagnes. Vous ne pouvez vous imaginer que difficilement combien il était délicieux de se joindre à ces anciennes et belles prières, après en avoir été privé si longtemps. Le Te Deum, dans sa magnificence, avait des accents célestes ; mais la chaleur était si effroyable, que la journée fut difficile à passer. On dit que, pendant tout l’hiver, il y a des explosions de fureur solaire semblables à celle-ci.

Golden City, 13 novembre.

Quelque agréable que fût Denver avec les Dewys et plusieurs bons amis, c’était un monde trop lourd pour ma santé et mes goûts ; je partis donc lundi, à quatre heures, sous un soleil encore chaud, pour la course de 16  milles qui devait me conduire jusqu’ici. En passant près d’un cimetière nu, à l’aspect désolé, je