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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

peu plus habitable. Jim est venu hier, il était d’humeur silencieuse et regardait le feu d’un air distrait. Les jeunes gens disent que cette disposition est le précurseur habituel d’un mauvais accès.

La nourriture est une grande difficulté. Sur trente vaches laitières on ne nous en a laissé qu’une, et elle ne donne pas assez de lait pour que nous puissions en boire. Comme viande, nous n’avons que du lard salé, très-salé et très-dur. Je ne puis en manger ; les poules ne pondent pas un œuf par jour. Hier matin, j’ai fait quelques petits pains, et un pudding au beurre dont nous nous sommes régalés. J’avais découvert un morceau de cuisse de bœuf pendu dans la charreterie, et nous nous réjouissions à l’idée d’avoir de la viande fraîche, mais en le découpant, nous nous sommes aperçus qu’il n’était pas mangeable. Si l’on ne m’avait donné un peu de thé à Longmount, nous n’en aurions pas eu du tout. Dans cet air superbe et avec cette vie d’activité physique, je puis manger de tout, à l’exception du porc salé. Nous déjeunons vers neuf heures, dînons à deux et soupons à sept, mais le menu ne varie jamais. Aujourd’hui, j’étais complétement seule dans le Parc ; les hommes étaient partis après déjeuner pour chasser l’élan, ayant apporté avant leur départ l’eau et le bois. Si le ciel n’était brillant et la lumière intense, la solitude serait écrasante. Je garde deux chevaux dans le corral pour pouvoir faire des explorations, mais excepté Birdie, qui est au pâturage, aucune des bêtes ne vaut grand’chose. Elles ne sont pas ferrées et ont les jambes faibles.