Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

Vous vous demanderez comment trois personnes peuvent avoir tant à faire dans ce désert. Il y a les chevaux, que nous gardons dans le corral, à nourrir de gerbes d’avoine et à mener boire deux fois par jour ; les poules et les chiens à nourrir aussi ; la vache à traire ; il faut faire le pain, et conserver une connaissance générale de l’endroit où se trouvent les bêtes, en prévision d’une forte tempête de neige. Il faut aussi couper du bois, car nous n’avons pas de provision, et nous en brûlons beaucoup ; puis, en outre de la cuisine, du lavage et du raccommodage dont chacun s’occupe, les hommes sont obligés de chasser et de pêcher pour leur subsistance. Nous avons, en plus, deux vaches malades à soigner ; hier nous étions près de l’une d’elles lorsqu’elle mourut. Elle souffrait beaucoup, et nous regardait d’un air pathétique. Nous étions très-embarrassés de son corps. Les chevaux de chariot étaient à Denver, et lorsque nous avons essayé de faire entraîner la bête morte par les autres, ils n’ont fait que ruer et se dérober, si bien que nous nous y sommes pris de façon à la mettre en dehors du hangar. Suivant la prédiction de M. Kavan, une troupe de loups est descendue, et avant qu’il fit jour, il ne restait que des os. Ils étaient si près de la cabin, que leur bruit était fort gênant ; en regardant dehors, je pus les voir plusieurs fois ne formant qu’une masse, se battant et tombant les uns par-dessus les autres. Ils étaient beaucoup plus grands que le loup des prairies, mais je les crois aussi poltrons.

Ce matin, le ciel était couvert de nuages noirs ; une tempête s’annonçait, et environ 700 têtes de bétail et