Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/250

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quand je sortis, le vent avait mis mon linge en lambeaux, il était littéralement perdu ! On apprend ici combien il faut peu de chose pour le bien-être ou le bonheur. J’ai fait un gâteau au gingembre de quatre livres, cuit le pain, raccommodé mon costume de cheval, fait un nettoyage général, écrit quelques lettres dans l’espoir qu’elles seront un jour mises à la poste, fait enfin une promenade magnifique, et je suis rentrée à la cabin dans cette splendeur mélancolique qui, maintenant, précède immédiatement l’obscurité. Nous étions tous très-occupés à préparer notre souper, quand les chiens se sont mis à aboyer avec fureur, et nous avons entendu des pas de chevaux. « Voilà enfin Evans !  !  ! » nous sommes-nous écriés, mais nous nous trompions. M. Kavan sortit, puis revint nous apprendre que c’était un jeune homme qui était monté avec l’attelage et le chariot d’Evans, et que le chariot avait versé dans un ravin, à sept milles de la maison. Kavan avait l’air très-grave. « C’est une bouche à nourrir », dit-il. Mes camarades ne firent point de questions et amenèrent le nouveau venu, garçon de vingt ans, bavard, à l’air assuré, dont la santé s’était altérée dans un collége de théologie. Evans l’envoyait travailler ici pour payer sa pension. Les hommes étaient trop polis pour s’enquérir de ce qu’il venait faire chez nous, mais je lui demandai hardiment où il habitait, et à notre effroi il répondit : « Je viens vivre ici. » Il a donc fallu décider ce que nous en ferions. Nous avons discuté sérieusement la question nourriture, qui présentait une difficulté réelle, et avons logé ce garçon dans un cabinet ouvrant sur la cuisine et où il y a un lit. Nous sommes convenus de