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VOYAGE D′UNE FEMME

rirons pas s’il faut regarder la faim en face ! Ce soir, les nuages de neige qui avaient caché tous les objets s’élèvent, et le paysage d’hiver est merveilleux. Le mercure est à 5° — 0 ; l’aurore est splendide. Dans ma chambre, le thermomètre marque 1º — 0. M. Buchan respire difficilement ; la sécheresse est intense. Nous avons passé l’après-midi à faire le dîner d’actions de grâces. J’ai fait un pudding merveilleux, pour lequel j’avais mis de côté, depuis plusieurs jours, des œufs et de la crème ; des cerises séchées dont j’avais enlevé les noyaux remplaçaient les raisins, et un bol de crème cuite que les hommes ont trouvée délicieuse tenait lieu de sauce. J’avais, en plus, confectionné un pudding à la mélasse ; ajoutez à cela des tranches de venaison et des pommes de terre, mais nous avons été obligés d’employer, pour notre thé, les feuilles qui avaient déjà servi le matin. Je crois que peu de personnes, en Amérique, auront autant que nous joui de leur dîner d’actions de grâces. Nous avions demandé à M. Nugent de se joindre à nous, mais, et nous le regrettions, il avait refusé d’une manière presque brutale. Le gâteau de quatre livres que j’avais fait hier a disparu ; le malheureux nouveau venu confesse qu’il avait si grand’faim pendant la nuit, qu’il s’est levé et en a mangé à peu près la moitié. Il essaye de me cajoler pour que j’en fasse un autre.

29 novembre

Avant l’arrivée du jeune homme, j’avais pris du vieux poivre de Cayenne pour du gingembre, et j’avais