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VOYAGE D′UNE FEMME

pickles. À moins de les laisser sur le poêle, il n’y a pas dans la chambre d’endroit où ils ne gèlent. Ces Foot-Hills sont dépourvues d’intérêt. Je soupire après les vents impétueux, les pics amoncelés, les grands pins, les bruits sauvages de la nuit ; après la poésie et la prose de la vie joyeuse et libre de mon aire sans rivale. Je ne puis croire que la rivière glacée, près de cette maison, soit la même qui étincelle dans Estes-Park, la même que j’ai vue prendre naissance dans les neiges, sur le pic de Long.

Estes-Park, 7 décembre.

Hier matin le mercure a disparu, de sorte qu’il y avait au moins 20° au-dessous de zéro. Le froid m’a empêchée de dormir pendant toute la nuit, mais l’effet du climat est si merveilleux, que lorsque je me suis levée à cinq heures et demie, afin de réveiller la maison pour mon départ matinal, j’étais tout à fait reposée. Nous avons déjeuné avec du buffalo, et je suis partie à huit heures pour faire quarante-cinq milles avant la nuit. Le docteur Hughes et un gentleman qui se trouvait là m’accompagnèrent pendant les quinze premiers milles. Cette course en compagnie d’autres cavaliers, dans un air enivrant, avec un soleil indescriptible, m’a fait plaisir. La neige fine s’échappait en poussière sous les pieds des chevaux. Je fus bien vite réchauffée. Nous nous sommes arrêtés pour manger au rancho d’un vieux trappeur qui m’amusa, car il semblait croire qu’Estes-Park était presque inaccessible en hiver. La distance, suivant lui, était plus considérable qu’on ne me l’avait dit ; et il ajoutait que je ne pou-