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VOYAGE D′UNE FEMME.

si courte, que je fus toute surprise quand la nuit commença à tomber. Il me dit qu’il ne se couchait jamais sans faire une prière, surtout sans prier Dieu de lui accorder une bonne mort. Il avait précédemment promis de ne point s’emporter, de ne point gronder ; mais l’agitation n’avait pas été comprise dans la convention, et lorsque, à la brune, nous eûmes atteint la colline escarpée au pied de laquelle coule la rapide et profonde Saint-Vrain, il s’agita déraisonnablement à mon sujet, à propos de la jument et de la façon dont nous pourrions passer. Il semblait croire que je ne pourrais traverser, parce que la glace ayant été taillée avec une hache, il était impossible de voir si elle s’était ou non récemment formée. Je devais coucher dans une maison au bas du canyon, chez une femme qui parle sans s’arrêter ; mais Miller, le jeune homme qui a cette charmante habitation et les habitudes admirables dont j’ai déjà parlé, sortit de chez lui pour nous dire que sa maison pouvait maintenant « recevoir des dames » ; de sorte que nous sommes descendus chez lui, où l’on m’a donné tout le confortable possible. Sa maison est un modèle. Il nettoie chaque objet dès qu’il a servi, si bien qu’il n’y a jamais rien de malpropre ; son poêle et les ustensiles de cuisine brillent comme de l’argent poli. Cela m’amusait d’entendre les deux hommes parler, comme des femmes, des différentes manières de faire le pain et les biscuits ; l’un d’eux écrivit même une recette pour la donner à l’autre. N’est-il pas fâcheux qu’un homme seul puisse rendre son chez soi si agréable ! Ils firent chauffer une pierre pour mes pieds, ainsi qu’une couverture pour m’envelopper, et mirent assez