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LETTRE IV


Le fléau des mouches. — Un conducteur mélancolique. — Les Foot-Hills. — Une boarding house de montagne — Une vie ennuyeuse. — « Je me rends agréable. » — Le climat du Colorado. — Le Soroche et les serpents.


Canyon, 12 septembre.

Je me sentais si fatiguée et si stupide, que, de propos délibéré, je dormis toute l’après-midi afin d’oublier la chaleur et les mouches. Trente hommes en habit de travail, silencieux et tristes, vinrent souper. Le bœuf était dur et gras, le beurre s’était fondu en huile, et bœuf et beurre étaient noirs de mouches vivantes, ou noyées, ou à demi noyées. La nappe graisseuse était également noire de mouches. Aussi ne fus-je point étonnée que les convives eussent l’air triste et s’en allassent promptement. Je ne pus trouver de cheval, mais on me recommanda beaucoup de venir ici, et de loger chez un settler qui, disait-on, avait une scierie et prenait des pensionnaires. La personne qui me conseillait tant d’agir ainsi me donna un mot d’introduction, me dit que cela se trouvait dans une belle partie des montagnes où beaucoup de gens avaient campé tout l’été pour rétablir leur santé. L’idée d’une boarding house, telle que je les connais en Amérique, était assez effrayante dans l’état actuel de ma garde-