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VOYAGE D'UNE FEMME

pensai qu’il pouvait avoir une carte, je persuadai à MrsChalmers de l’aller voir avec moi. Elle en fit une visite de cérémonie ; elle portait cependant son inévitable chapeau, et sa robe était retroussée comme pour faire la lessive. C’est seulement lorsque j’atteignis la porte du docteur que je me rappelai que j’avais mon costume de cheval hawaïen, et que je portais encore les éperons avec lesquels j’avais essayé un cheval dans la matinée. La maison était située dans une vallée herbeuse, s’ouvrant à partir du terrible canyon à travers lequel la rivière avait frayé son cours. Les Foot-Hills, avec leurs terrasses de rochers d’un rouge magnifique, brillaient à la lueur du soleil couchant, et un ciel d’un vert pur s’étendait tendrement sur un doux paysage du soir. Habituée à la pauvreté et à la sécheresse des habitations des colons, je fus enchantée de voir que, cette fois-ci, la nlog-cabin habituelle n’était que l’étage inférieur d’une petite maison ressemblant d’une façon délicieuse à un chalet suisse. Elle était dans un potager fertilisé par un fossé d’irrigation, en dehors duquel se trouvaient une grange et une vacherie. Une jeune Suissesse ramenait les vaches ; près de la barrière, une Anglaise vêtue d’une robe d’indienne très-propre tenait un baby dans ses bras, tandis qu’un homme de belle mine, portant une garibaldienne rayée et des pantalons pareils relevés dans de grandes bottes, égrenait du maïs. Dès les premières paroles de Mrs Hughes, j’eus le sentiment qu’elle était une femme vraiment distinguée, et ses manières anglaises, gracieuses et élégantes, lorsqu’elle nous invita à pénétrer dans sa maison, me parurent délicieuses. L’entrée