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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

sage de chariots allant tous dans la même direction, route qui devient une grande rue dans laquelle quelques maisons de bois et des boutiques se font face. L’hôtel de Saint-Vrain est une maison à deux étages, l’une des plus blanches et des plus éclatantes, et, comme toutes les autres, sans vérandah ; il porte le nom de la rivière de Saint-Vrain, d’où vient le canal qui permet à Longmount d’exister. Tout grillait à la chaleur d’un soleil oblique qui avait frappé pendant toute la journée sur les chambres de bois que rien n’abritait, À l’intérieur, la chaleur était plus pénible qu’au dehors, et tout, y compris notre visage, était couvert de mouches noires. Assis dans ma chambre, nous combattons contre les mouches jusqu’à ce qu’un splendide coucher de soleil sur la chaîne rocheuse qui s’étend là-bas, à une dizaine de milles, nous force de sortir pour l’admirer. Le souper a été servi sans nappe, à la mode de l’Ouest, et tous les hommes sans famille de Longmount sont venus prendre leur repas silencieusement et rapidement. C’était un grand régal d’avoir du thé, car je n’en avais pas bu depuis une quinzaine de jours. L’hôte est un brave homme jovial. Je lui racontai de quelle façon mes projets avaient échoué et comment, en conséquence, je partais demain à contre-cœur pour Denver et New-York, puisque je ne pouvais aller à Estes-Park. Il me répondit qu’il était encore possible que j’eusse la chance de voir arriver, ce soir même, quelqu’un y allant. Bientôt il vint dans ma chambre et me demanda ce que j’étais capable de faire : si je craignais le froid, si je pouvais « supporter une vie dure », si je savais monter à cheval et galoper.