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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

nous ne les vîmes plus. Nous étions entrés dans une vallée montueuse, où les tons splendides des rochers étaient rendus plus intenses encore par le contraste du bleu sombre des pitch pines ; prenant alors un sentier au nord-ouest, nous avons laissé derrière nous un monde moins sauvage, toute trace de l’homme et de ses œuvres, et nous nous sommes enfoncés dans les montagnes Rocheuses. Nous avons fait alors de merveilleuses ascensions, où je conduisais mon cheval à la main ; des vues fantastiques et sauvages s’offraient continuellement aux regards. C’était une suite de surprises ; à chaque mille, l’air devenait plus vif et plus pur, la sensation de la solitude plus étrange. Une ascension effrayante parmi des rochers et des pins nous a amenés, à une hauteur de 9 000 pieds, à un passage de sept mille pieds de large, dans une muraille de rochers, avec une descente abrupte de 2 000 pieds, et, au delà, une montée plus formidable encore. Lorsque je me retournai, je vis le spectacle le plus étrange. Nous n’avions traversé qu’un seul et gigantesque sommet en forme de couteau, fait entièrement de grandes masses de rocher d’un rouge brillant, quelques-unes aussi considérables que le Royal-Institution d’Édimbourg, entassées l’une sur l’autre comme par des Titans. Les pitch pines sortaient des crevasses, mais il n’y avait pas trace de terre. Plus loin, des murailles et encore des murailles d’une construction semblable, et des chaînes de montagnes au-dessus de chaînes de montagnes s’élevant dans le ciel bleu. Quinze milles de plus sur de grands sommes, le long de passes noires d’ombre et si étroites que nous étions