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VIE ET ŒUVRE

tagne des Fanfarons », mais je me rappelle l’importance mystérieuse avec laquelle Nikolenka nous consacrait dans ces secrets et notre respect et notre crainte devant ces choses qu’il nous révélait. J’étais surtout fortement impressionné par l’union des Fourmis et le mystérieux bâton vert, lié à elle, qui devait faire heureux tous les hommes.

« À ce que je pense maintenant, Nikolenka avait probablement entendu ou lu quelque chose des francs-maçons, de leur aspiration à faire le bonheur de l’humanité et des rites mystérieux de l’intronisation ; il avait probablement aussi entendu parler des « Frères Moraves », et son ardente imagination avait uni cela en un tout, et dans son amour pour les hommes il avait inventé toute cette histoire, s’en amusait lui-même et nous mystifiait avec ses racontars.

« L’idéal des « Frères Fourmis » qui se serrent avec amour l’un contre l’autre, seulement pas sous des chaises recouvertes de châles, mais sous la voûte céleste, cet idéal de l’amour de tous les hommes est resté pour moi le même. Et si alors je croyais à l’existence d’un bâton vert sur lequel était écrit ce qui devait détruire le mal parmi les hommes et leur donner le plus grand bien, je crois maintenant que cette vérité existe, qu’elle sera révélée aux hommes et leur donnera ce qu’elle promet[1]. »

Les souvenirs de Tolstoï sur son frère Dmitri

  1. Des notes mises à ma disposition, en brouillon, et non corrigées. P. B.