Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 1.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
VIE ET ŒUVRE

quelque chose ne méritant nullement une punition, Saint-Thomas, d’abord m’enferma dans une chambre, ensuite me menaça des verges. Et j’éprouvai un vif sentiment d’indignation, de révolte et de dégoût, non seulement pour Saint-Thomas, mais pour la violence qu’on voulait exercer envers moi. Il se peut que l’horreur et le dégoût pour toute violence, que j’éprouvai toute ma vie, datent de là[1]. »

Néanmoins le gouverneur Saint-Thomas suivait très attentivement le développement de son jeune élève. Il avait sans doute remarqué en lui quelque chose de particulier, car il disait de lui : « Ce petit a une tête. C’est un petit Molière[2]. »

Après la mort de la grand-mère, à cause de l’embarras des affaires de tutelle et de la nécessité d’alléger les dépenses, une partie de la famille demeura à la campagne : les cadets des enfants, Dmitri, Léon, Marie, avec leur tante Tatiana Alexandrovna Ergolski, un précepteur allemand et un russe, élève d’un séminaire.

La tutrice des enfants était la comtesse Alexandra Ilinichna Osten-Saken.

Dans ses souvenirs, Tolstoï parle ainsi de cette personne remarquable :

« Notre tante Alexandra Ilinichna avait épousé, très jeune, à Pétersbourg, un comte des provinces baltiques, très riche, Osten-Saken. Ce mariage, qui

  1. Remarque de L.-N. Tolstoï, faite à la lecture du manuscrit.
  2. Du journal de la comtesse S.-A. Tolstoï.