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LÉON TOLSTOÏ

du développement moral de l’enfance que nous trouvons dans les nouvelles de Tolstoï consacrées à cette période et qui, selon nous, portent indiscutablement le caractère autobiographique.

Une des qualités de l’enfant qui se rencontre très souvent et qui, peut-être, était particulièrement développée en Léon Nikolaievitch, c’était la timidité et, à côté de cela, l’amour-propre.

Souvent l’on sépare ces deux qualités : la timidité et l’amour-propre, on loue l’une et blâme l’autre, et cependant elles sont les deux faces d’une même médaille. Ces deux qualités marchent toujours ensemble et leurs rapports réciproques sont ceux de cause à effet. L’homme est timide parce qu’il a beaucoup d’amour-propre et la timidité augmente et affirme en lui ce sentiment. Ce trait de caractère se manifesta d’abord dans les occasions les plus minimes, par exemple quand il se souvenait de ses imperfections physiques. Voici comment Léon Nikolaievitch en parle par son héros Nikolenka :

« J’avais la conception la plus étrange de la beauté, — je tenais même Karl Ivanovitch pour le plus bel homme au monde ; mais je savais très bien que je n’étais pas beau, et je ne me trompais nullement, c’est pourquoi chaque allusion à mon physique me blessait fortement.

« … Je fus souvent en proie à des crises de désespoir ; je m’imaginais qu’il n’y avait pas de bonheur sur terre pour un homme ayant comme moi