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LÉON TOLSTOÏ

influence. Elle m’habitue à l’activité et remplace pour moi le tableau de service. On ne sait pourquoi, mais il est impossible de ne rien faire. Tous sont occupés, tous travaillent, et on ne trouve personne avec qui l’on puisse mener la vie dissipée, et seul, ça ne va pas.

« Je sais que tu ne croiras pas que j’aie changé. Tu diras : « C’est déjà la vingtième fois qu’il promet, il n’y a pas d’étoffe, c’est un garçon nul. » Non, maintenant, je suis changé, tout à fait autre de ce que j’étais auparavant. Autrefois je me disais : « Il faut que je change, » tandis que maintenant je vois que je suis autre et je dis : « Je suis changé. » Le principal, c’est que, maintenant, je suis absolument convaincu qu’avec la philosophie pure on ne peut pas vivre positivement, c’est-à-dire être pratique. C’est un grand pas en avant et un grand changement. Cela ne m’est pas encore arrivé une seule fois. Et si quelqu’un veut vivre, et s’il est jeune, alors, en Russie, il n’y a que Pétersbourg. Quelque fantaisie que l’on ait, on peut tout satisfaire ; on peut tout développer, et cela aisément, sans aucune peine. Tant qu’à la vie, elle n’est pas très chère pour un célibataire, elle est même meilleur marché et plus confortable qu’à Moscou, sauf le logement. Dis à tous les nôtres que je les embrasse et les salue, et que cet été j’irai peut-être à la campagne ou peut-être non, car cet été, je veux prendre un congé et flâner dans les environs de Pétersbourg. Je veux aussi aller à Helsingfors et à Reval. Écris-