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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 1.djvu/328

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LÉON TOLSTOÏ

La même humeur se retrouve dans sa lettre de Starogladovskaia, de décembre 1853.

« Je t’en prie, écris plus vite sur mes papiers. C’est nécessaire. Quand viendrai-je ? Dieu seul le sait, parce que voilà déjà bientôt une année que je ne pense qu’à mettre mon épée au fourreau et ne le puis pas. Mais puisque je suis forcé de guerroyer n’importe où, je trouve plus agréable de le faire en Turquie qu’ici, ce que j’ai déjà demandé au prince Serge Dmitriévitch qui m’a répondu qu’il a déjà écrit à son frère, mais qu’il ne sait pas ce qu’il en résultera.

« En tout cas, j’attends pour le nouvel an un changement dans mon existence, qui, je te l’avoue, m’assomme beaucoup. Des officiers sots, des conversations sottes, rien de plus. Un seul homme au moins à qui l’on puisse parler à cœur ouvert ! On devient soi-même sensiblement bête. Bien que Nicolas ait amené avec lui, Dieu sait pourquoi, des chiens à courre (ce pourquoi moi et Epichka l’appelons souvent cochon), des journées entières, du matin au soir, je chasse seul. Ce n’est pas un plaisir, c’est un moyen de s’étourdir. On se fatigue et on s’endort comme un mort, et la journée est passée. Si tu as une occasion, ou si tu vas toi-même à Moscou, achète-moi un Dickens (David Copperfield), en anglais, et envoie-moi le dictionnaire anglais de Saddler qui se trouve dans mes livres. »

Pendant ce temps, Léon Nikolaievitch écrit l’Adolescence, et termine un récit : le Journal d’un mar-