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VIE ET ŒUVRE

doute votre travail ne sera pas perdu… il témoignera toujours de la force qui a pu conserver une vérité profonde et réelle dans des circonstances où peu la conserveraient. Je ne dirai pas combien je place haut tout cet article et, en général, la direction de votre talent, et en quoi il est fort et neuf. C’est précisément ce qu’il faut maintenant à la société russe : la vérité, la vérité dont, après la mort de Gogol, il est resté si peu dans la littérature russe.

« Vous avez raison en appréciant le plus ce côté de votre talent. Cette vérité que vous apportez dans notre littérature, c’est quelque chose de tout à fait nouveau chez nous. Je ne connais pas actuellement d’écrivain qui force tant l’affection et la sympathie que celui auquel j’écris, et je n’ai peur que d’une chose : que le temps et la lâcheté de la réalité, la surdité et le mutisme de tout ce qui nous entoure ne fassent avec vous ce qu’ils ont fait avec la plupart d’entre nous, qu’ils ne tuent en vous l’énergie sans laquelle il n’y a pas d’écrivain, tout au moins de ceux qui sont maintenant nécessaires à la Russie. Vous êtes jeune, il se produit maintenant des changements qui, espérons-le, finiront bien, et peut-être, devant vous, y a-t-il un large champ d’action. Vous commencez de telle façon que vous forcez les hommes, même les plus prudents, à espérer beaucoup en vous. Cependant, je me suis écarté du but de ma lettre. Je ne vous consolerai pas en vous disant que beaucoup trouvent magnifiques même les extraits de votre article qui sont