« Léon Stépanitch poursuivait de sa voix douce, sénile : « Petite sœur préférée, dit-elle, racontez-nous un de ces contes si étranges que vous savez si bien raconter. » — « Volontiers, répondit Schéhérazade, je vous raconterai aussi l’histoire remarquable du prince Kamaralzaman, si notre souverain y consent. » Après avoir reçu le consentement du Sultan, Schéhérazade commence ainsi : « Un roi puissant avait un fils unique… » Et évidemment, Léon Stépanitch répétait mot à mot l’histoire de Kamaralzaman. Je n’écoutais et ne comprenais pas ce qu’il disait, tant j’étais absorbé par l’air mystérieux de grand-mère toute blanche, par son ombre qui dansait sur le mur, par l’aspect du vieillard aux yeux blancs, que je ne voyais pas, mais sentais assis immobile sur la fenêtre et prononçant d’une voix lente des mots quelconques, étranges, qui me paraissaient solennels et se détachaient un à un, dans l’obscurité de la chambre éclairée seulement de la lueur vacillante de la veilleuse. Je m’endormais probablement aussitôt, car je ne me rappelle plus rien d’autre, et seulement le matin je m’étonnais de nouveau en admirant les belles bulles de savon que faisait grand-mère en se lavant les mains[1]. »
Le tableau généalogique ci-dessous donnera au lecteur une idée nette de la parenté de L.-N. Tolstoï.
- ↑ Des notes mises à ma disposition, en brouillon, et non corrigées. P.B.