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LÉON TOLSTOÏ

Dans ses souvenirs, Fet raconte ainsi ce voyage et donne une caractéristique intéressante de la tante et de l’éducatrice de Léon Nikolaievitch, Tatiana Alexandrovna Ergolski.

« Après avoir acheté une voiture chaude et confortable, nous partîmes, avec une seule femme de chambre (poétisée par Tolstoï dans le personnage de Mariucka)[1], par chevaux de poste à Mtzensk. À cette époque il n’était pas même question de chemin de fer et le peuple disait des poteaux télégraphiques placés le long de la route, qu’on tendra cette corde et que de Pétersbourg on lâchera sur elle la liberté. Nous étions déjà si étroitement liés avec L.-N. Tolstoï que c’eût été pour moi une grande privation de ne pas aller le voir et me reposer un jour chez lui, à Iasnaia Poliana. Là, ma femme et moi, nous fûmes présentés à une charmante vieille dame, la tante de Tolstoï, Tatiana Alexandrovna Ergolski, qui nous reçut avec cette hospitalité d’autrefois qui d’un coup met à l’aise dans une maison étrangère. Tatiana Alexandrovna ne se confinait point dans les souvenirs du temps passé, mais elle vivait par toute la plénitude du présent qui l’entourait.

« Elle disait : Ces jours-ci, Serge est allé à Pirogovo ; Nikolenka restera peut-être encore à Moscou avec Machenka, mais l’ami de Léon, D…, est venu ces jours-ci et s’est plaint de la maladie ner-

  1. Voir le Bonheur conjugal. Édition des œuvres complètes du comte L.-N. Tolstoï, P. V. Stock, tome v.