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LÉON TOLSTOÏ

évidemment déjà inscrit comme ça dans son grand livre. Quand fera-t-il un dernier entrechat et se remettra-t-il sur ses jambes[1] ? »

Au printemps de 1860, les époux Fet, comme d’habitude, en allant de la ville à la campagne, s’arrêtèrent à Iasnaïa Poliana, et Fet marque d’une note brève ce séjour.

« Bien entendu, nous ne nous sommes pas refusé le plaisir d’aller passer deux jours à Iasnaia Poliana, où, pour comble à notre joie, nous avons trouvé le cher Nicolas Nikolaievitch Tolstoï, qui a mérité par sa sagesse orientale, originale, le surnom de Firduci. Que de plans agréables avons-nous ébauchés durant ces deux jours passés au pavillon d’Iasnaia Poliana, c’est à peine si nous avons songé à l’impossibilité de les réaliser. »

Plus loin, Fet raconte l’arrivée chez eux de N.-N. Tolstoï.

« Un jour, Nicolas Nikolaievitch, qui était arrivé chez nous au milieu de mai, nous déclara que sa sœur la comtesse M.-N. Tolstoï et son frère l’avaient convaincu de partir pour l’étranger à cause de ses accès de toux insupportables. Le pauvre garçon toujours si maigre a encore maigri. Par moments, à travers un rire naïf apparaît l’irritabilité propre aux phtisiques. Je me rappelle comme il s’est fâché en retirant sa main de celle du cocher qui était venu le chercher et voulait la baiser. C’est vrai qu’il n’a rien dit devant son serf, mais quand celui-ci retourna

  1. Fet, Mes Souvenirs, 1re partie, p. 325.