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LÉON TOLSTOÏ

buvait du thé avec un peu de cognac. Très timide par nature, pour parler il avait besoin d’être interrogé. Mais une fois amené sur un sujet quelconque il y apportait toute la finesse et l’agrément de sa bonne humeur. Il admirait visiblement son frère cadet Léon, mais il fallait entendre avec quelle ironie il parlait de ses aventures mondaines. Il savait si bien distinguer le réel de la vie de son enveloppe éphémère qu’avec la même ironie il envisageait la couche supérieure et inférieure de la vie au Caucase. Et le célèbre chasseur, le schismatique Epichka (Erochka dans la nouvelle de L.-N. Tolstoï, les Cosaques) était dessiné jusqu’au summum de l’art par Nicolas Tolstoï[1]. »

N.-N. Tolstoï écrivit très peu et un seul de ses récits, le Journal d’un chasseur, publié dans le Sovremennik, est arrivé jusqu’à nous.

Eugène Garchine, dans ses souvenirs sur Tourgueniev, cite l’opinion suivante d’Ivan Tourgueniev sur N.-N. Tolstoï :

« Cette humilité devant la vie que Léon Nikolaievitch développe théoriquement, son frère l’applique directement à son existence, nous disait Tourgueniev. Il a toujours vécu dans des taudis impossibles, dans quelque quartier lointain, et partageait volontiers tout ce qu’il possédait avec les pauvres. C’était un causeur charmant, mais écrire lui était physiquement impossible. Le procédé même de l’écriture lui était difficile comme à un

  1. Fet, Mes Souvenirs. Première partie, page 217.