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VIE ET ŒUVRE

tranger, le départ de ma sœur (elle nous quitte dans trois jours) me tourmentent de tous côtés. La vie célibataire, c’est-à-dire l’absence de femme, et l’idée qu’il devient déjà tard, me tourmente aussi. En général, tout n’est pas rose pour moi, pour le moment. À cause de la maladie de ma sœur et du désir de voir Nicolas, demain, en tout cas, je prends un passeport pour l’étranger, et peut-être partirai-je avec eux, surtout si je reçois de mauvaises nouvelles de Nicolas. Je passerai vous voir avant le départ. Je voudrais vous dire tant de choses et vous interroger, mais maintenant ce n’est pas possible. Cependant si cette lettre vient de bonne heure, sachez que nous quittons Iasnaia jeudi, ou plutôt vendredi. Maintenant, à l’exploitation. Le prix qu’on vous demande n’est pas trop élevé, et si l’endroit vous plaît, il faut acheter. Une seule question : Pourquoi vous faut-il tant de terre ? Par mon expérience de trois années, je suis arrivé à cette conviction qu’avec l’activité la plus grande possible on ne peut exploiter convenablement que de 60 à 70 déciatines. Ce n’est que dans ces conditions qu’on peut ne pas trembler à chaque faute : parce qu’on n’a pas labouré deux fois mais trois ou quatre fois, pour chaque heure perdue par l’ouvrier, pour chaque rouble de trop par mois qu’on lui donne.

« On peut traiter 15 déciatines de façon qu’elles donnent de 30 à 40 p. 0/0 du capital fondamental, mais avec 80 ou 100 déciatines, c’est impossible. Je vous prie, faites attention à ce conseil. Ce