Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
LÉON TOLSTOÏ

vent en écoutant l’opinion de Tolstoï sur le peuple allemand. Tolstoï était frappé de n’avoir trouvé dans aucune maison des paysans allemands ni les Récits de campagne d’Auerbacb, ni les œuvres de Hebel. Les paysans russes, disait-il, verseraient des larmes sur de pareils livres.

L’impression que lui fit Barthold Auerbach à Dresde, et Froebel, pendant leurs promenades ensemble, le fortifie dans un projet qu’il avait en tête. L’auteur du « Système de la politique sociale » lui indiqua les œuvres de Rill, très parentes de ses opinions, et Tolstoï, avec la fougue de la jeunesse, se jeta sur l’Histoire naturelle du peuple, comme base de la politique sociale allemande. Le neveu de Frédéric Froebel, par vocation, était aussi pédagogue, il initia Tolstoï aux idées de son oncle.

À Kissingen, Tolstoï visita tous les environs riches en beautés de la nature et en souvenirs historiques. Il parcourut à pied le Hartz. Il alla en Thuringe, à Eisenach, et à la Wartbourg. La personne du Réformateur allemand dont la Wartbourg évoque l’âpre lutte intéressait vivement Tolstoï. La rupture avec l’ancienne tradition, l’activité hardie et franche du réformateur, les idées dont Luther était l’incarnation passionnaient Tolstoï, et après avoir visité la chambre où pour la première fois furent écrites en langue allemande les paroles de la Bible, il inscrit dans son journal cette simple phrase : « Luther est grand ! »