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LÉON TOLSTOÏ

que Tolstoï viendrait chez eux, elle lui demanda la permission d’assister à cette entrevue.

Le jour et l’heure fixés, elle pénétra dans le cabinet de travail de son père et s’assit dans un fauteuil, dans un coin, tâchant d’attirer le moins possible l’attention sur sa présence. Bientôt le valet annonça le comte Tolstoï. Avec un battement de cœur elle attendait son apparition et quel ne fut pas son désappointement quand elle aperçut un homme élégant, aux manières mondaines, habillé à la dernière mode anglaise, et qui, aussitôt introduit chez son père, se mit à lui raconter avec enthousiasme un combat de coqs auquel il avait assisté à Londres. Et durant tout cet entretien de Tolstoï avec son père, elle n’entendit pas un seul mot du cœur, ce qu’elle avait attendu.

Cependant il faut penser que la conversation des deux grands écrivains russes ne se borna pas au sport, puisqu’en se séparant Herzen donna à Tolstoï une lettre de recommandation pour Proudhon.

De plus, en Angleterre, comme partout, Léon Nikolaievitch visita les écoles et alla au Parlement où il entendit le discours de Palmerston, qui parla trois heures d’horloge. Là-bas il apprit aussi sa nomination d’arbitre territorial, et le jour de la déclaration de l’émancipation, c’est-à-dire le 19 février 1861, style russe, 3 mars, style nouveau, Léon Nikolaievitch partit de Londres pour la Russie par la Belgique. Il s’arrêta à Bruxelles où avec la lettre d’Herzen il alla voir Proudhon. Ce penseur éner-