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LÉON TOLSTOÏ

avaient souscrit pour ce dîner. J’étais assis à côté du comte L.-N. Tolstoï, alors arbitre territorial, avec qui j’étais très lié depuis quelque temps déjà. Le premier toast fut naturellement pour l’empereur émancipateur et fut accueilli avec un grand enthousiasme.

« — Ce toast me fait particulièrement plaisir, me dit le comte L.-N. Tolstoï, mais il n’en faudrait pas d’autre, parce qu’à vrai dire c’est à l’empereur seul que nous devons l’émancipation…

« Mais il y eut d’autres toasts. L’un porté par P.-F. Samarine au peuple russe, ce qui était alors très délicat, fut particulièrement réussi. Dans son discours il exposait très bien la situation. Dans presque toute la province de Toula, les relations entre paysans et propriétaires s’étaient très bien établies, parce que les propriétaires avaient renoncé très bénévolement à leur pouvoir ; de sorte que les rapports étaient très bons, et, maintenant, ils sont encore meilleurs. Et il était juste de dire que, dans notre province, en comparaison avec d’autres, la réforme s’était très bien accomplie.

« L’année de l’émancipation des paysans, Léon Nikolaievitch installa chez lui l’école d’Iasnaia Poliana, qui m’intéressa beaucoup, continue Obolensky. Je fréquentais beaucoup le comte et parfois en automne j’allais avec lui à la chasse. Quel bon temps c’était alors ! Qui pourrait reconnaître maintenant dans le célèbre philosophe l’excellent chasseur qui franchissait fossés et ruisseaux et avec