Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
LÉON TOLSTOÏ

décrire ce que pense le paysan quand sa femme part chez son beau-frère, aussitôt il imagina cette réflexion : « Si tu avais affaire au défunt Savoska, il te les tirerait tes tresses ! » Et il prononça cette phrase d’un ton si fatigué, avec tant de sérieux, de calme et, en même temps de bonne humeur, en appuyant la tête sur son bras, que les enfants pouffèrent de rire. La qualité principale de chaque art : le sentiment de la mesure, était développée en lui extraordinairement. Il était choqué de chaque détail superflu soufflé par quelqu’un des gamins. Il se montrait si despote, et il en avait le droit, dans la construction de la nouvelle, que bientôt les gamins partirent chez eux, et il resta seul avec Siomka, qui ne lui en cédait pas, bien qu’il composât d’une autre façon.

« Nous travaillâmes de sept heures à onze heures. Ils ne sentaient ni la faim ni la fatigue et se fâchaient après moi quand je cessais d’écrire. Ils se mirent à écrire à tour de rôle, mais bientôt ils s’arrêtèrent ; cela ne marchait pas. À ce moment, Fedka me demanda mon nom. Nous rîmes de ce qu’il ne le sût pas.

« — Je sais, dit-il, comment vous vous appelez, mais je ne sais pas comment on nomme votre maison. Voilà chez nous, il y a des Fokanitchev, des Ziabrev, des Ermiline…

« Je lui répondis.

« — Est-ce que nous le publierons ? demanda-t-il.