Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
VIE ET ŒUVRE

portant, et que cela ne pouvait durer longemps. Et peut-être serais-je arrivé alors à ce désespoir auquel j’arrivai quinze ans plus tard, s’il n’y avait eu pour moi un côté inconnu de la vie qui me promettait le salut. C’était la vie de famille.

« Pendant une année, je m’occupai de l’arbitrage, des écoles et de la revue ; et je me sentais fatigué. La lutte de l’arbitrage me devint si pénible, le travail de l’école si vague, mes doutes qui provenaient du désir d’instruire les autres en cachant mon ignorance de ce qu’il fallait enseigner me devinrent si écœurants que je tombai malade, plus moralement que physiquement, et, quittant tout, je partis dans les steppes, en Bachkirie, pour respirer l’air, boire le koumiss et vivre de la vie animale. En revenant de là, je me suis marié[1]. »

C’est à cette époque que se rapporte l’épisode suivant de la vie de Léon Nikolaievitch. Toujours joueur passionné, souvent il devenait victime de sa passion, et, au commencement de 1862, il perdit au billard mille roubles, contre le littérateur très connu, le directeur du journal Moskovskia Viedomosti : Katkov.

Ne pouvant payer cette dette, pour s’acquitter il donna à Katkov, pour être publiée dans sa revue, Rousski Viestsnik, une nouvelle inachevée : les Cosaques. Elle parut ainsi, en janvier 1863, et ensuite Tolstoï, à cause des souvenirs désagréables

  1. Les Confessions, édition russe de V. Tchertkof.