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VIE ET ŒUVRE

la comtesse avec un sourire qui laissait voir que ce souvenir lui faisait un vrai plaisir, je ne puis comprendre comment j’ai pu deviner ces mots. Il est probablement vrai que les âmes également instruites donnent les mêmes sons, comme des cordes accordées sur le même ton[1]. »

Les phrases que s’échangèrent Léon Nikolaievitch et Sophie Andréievna, et qui n’étaient figurées que par l’initiale de chaque mot étaient les suivantes : V… p… s… t… s… m… e… v… s… L. V… et… T… s… g… d… l…

« Vos parents se trompent sur moi et votre sœur Lisa. Vous et Tania soyez gentilles, détrompez-les. »

Sophie Andréievna devina cette phrase et donna une réponse affirmative. Alors Léon Nikolaievitch écrivit encore : V… j… e… l… b… d… b… m… r… a… t… v… m… v… et… i… d… b….

« Votre jeunesse et le besoin de bonheur me rappellent aujourd’hui trop vivement ma vieillesse et l’impossibilité du bonheur. »

Rien de plus ne fut dit entre eux. Mais ils s’étaient compris et étaient sûrs l’un de l’autre.

Ils revinrent à Moscou. Léon Nikolaievitch les y suivit.

Il resta en ville ; les Bers habitaient presque toujours Pokrovskoié-Glébovo, à douze verstes de Moscou. Depuis vingt ans la famille passait là tout

  1. Löwenfeld, Causeries avec Tolstoï.