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VIE ET ŒUVRE

plicité ! Le vague la tourmente. Je me suis calmé. Tout cela n’est pas pour moi. »

Malheureusement cette nouvelle n’est pas arrivée jusqu’à nous, elle fut détruite par l’auteur lui-même.

Le 28 août, jour de son anniversaire, de ses trente-quatre ans, ce qu’il note dans son journal décèle le doute, le blâme et la lutte.

Il écrit :

« Je me suis levé avec la tristesse habituelle. J’ai imaginé de fonder une association des élèves des ateliers… Une nuit douce, reposante… Une sale tête… ne pense pas au mariage… Ta vocation est autre, et pour cela tu as reçu beaucoup… »

Mais le besoin du bonheur de famille l’emporte et le désir de l’amour s’est transformé en véritable passion, qui déjà ne connaît plus aucun obstacle. Malgré toute la force de cette passion, Léon Nikolaievitch, même dans ce cas, donna la preuve de son honnêteté, de son amour de la vérité.

Après avoir fait la demande en mariage et obtenu le consentement, il remit à sa fiancée son Journal, où avec une entière franchise il avait noté tous les entraînements de sa jeunesse, toutes les chutes et toutes les tempêtes morales qui avaient traversé sa vie. La lecture de ce journal porta un coup douloureux à la jeune fille qui voyait en lui l’idéal de toutes les vertus. La douleur fut si grande, le coup fut si terrible que, pendant un moment, elle se demanda s’il ne valait pas mieux rompre.