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LÉON TOLSTOÏ

sous une belle forme, pénétré d’un sens moral et philosophique élevé. Avec la même passion il marchait à la recherche de la vérité, du sens de la vie humaine, et avec la même force de son génie, il a donné au monde, sous une forme admirable, les résultats qu’il a obtenus.

Un autre trait saillant de son caractère c’était la véracité ; la franchise, qui ne craignait rien, qui souvent lui valait des désagréments, mais l’amenait insensiblement et définitivement à ce Dieu de vérité qu’il servit toujours, souvent même sans le savoir, se le masquant par divers écarts temporaires.

Enfin un troisième trait de son caractère c’était l’amour du bien, la jouissance de ce bien, et le travail incessant sur soi, afin d’élargir le domaine du bien et d’y entraîner les autres, et le désir d’en montrer aux hommes la beauté.

Ces trois traits seuls que nous venons d’indiquer sont suffisants pour acquérir l’influence universelle qui lui appartient maintenant.

Mais en parcourant la première moitié de sa vie, nous apercevons encore un trait remarquable : le mécontentement de soi, de ses œuvres, de ses travaux littéraires. Ce mécontentement se produisait en lui par l’analyse perpétuelle du moi, qui ne lui permettait aucune illusion. Et ce mécontentement n’était pas une plainte maladive et sans cause, il avait une cause profonde, réelle. Ses puissants moyens de développement spirituel manquaient d’une base