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VIE ET ŒUVRE

Poliana. Comme Sérioja était amateur de chevaux et qu’il y avait un haras à Pirogovo, il eut ce domaine. Et il le désirait. Mitenka et Nikolenka eurent chacun un autre domaine : Nikolenka reçut Nikolskoié et Mitenka, Tcherbatchevka, dans la province de Koursk, qui nous était venu de Mme Pérovsky. Je possède une note de Mitenka où il envisage la possession des serfs. Il trouvait que cela ne devait pas être et qu’il fallait les affranchir. Or dans notre monde, au cours des années quarante, cette idée n’existait point. La possession de serfs, par héritage, semblait être une condition nécessaire et tout ce qu’on pouvait faire c’était de veiller à ce que cette possession ne fût pas trop mauvaise, se soucier non seulement de l’état matériel mais de l’état moral des paysans. Et dans ce sens la note de Mitenka était écrite avec sérieux, naïveté et sincérité. Ce garçon de vingt ans (quand il termina ses études) se croyait tenu de prendre sur soi l’obligation de veiller à la moralité d’une centaine de familles de paysans et de les diriger par des menaces de punitions et des punitions. C’est ce qui est dans Gogol, dans la lettre aux propriétaires. Je pense et crois me rappeler que Mitenka avait lu cette lettre, et qu’elle lui avait été indiquée par l’aumônier de la prison. C’est ainsi que Mitenka commença ses devoirs de propriétaire. Mais outre les devoirs du maître envers les serfs, à cette époque, existait un autre devoir qu’il semblait impossible d’éluder : le service militaire ou civil. Et