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LÉON TOLSTOÏ

Dans chaque cercle intellectuel il se produit très vite une division en groupes. Les rapports de tolérance bientôt font place à l’indifférence, puis paraissent les jalousies qui se transforment enfin en hostilité ouverte. Ce fut ainsi avec le Sovremennik. Dès le commencement de 1856 quelques rédacteurs eurent l’idée d’une scission et de la création d’une nouvelle revue. Nous en avons la preuve par une lettre de Droujinine à Tolstoï, où nous trouvons entre autres :

« Profitant d’un accès d’énergie, je m’empresse de vous causer d’une affaire qui nous a occupés la dernière fois que nous nous sommes vus et qui occupe maintenant plusieurs de nos camarades de Pétersbourg. Le besoin d’une revue purement littéraire et critique qui s’opposerait avec force à toutes les monstruosités actuelles se fait sentir très fort. Gontcharov, Ermine, Annenkov, Maiktov, Mikhaïlov, Avdéiev et plusieurs autres ont accueilli cette idée avec enthousiasme. Si à cette compagnie se joignaient vous, Ostrovsky, Tourgueniev, et peut-être notre « innocent » Grigorovitch (bien qu’on puisse se passer de lui), alors on pourrait dire d’une façon absolue, que toutes les belles-lettres sont enfin réunies dans une seule revue. Quel sera cet organe ? Une nouvelle revue ou « la Bibliothèque de Lecture », louée par la compagnie ? Réfléchissez et communiquez vos projets. Ici, la plupart penchent pour la location, et l’éditeur y consent à un prix modique.