Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
LÉON TOLSTOÏ

de la famille poursuit Tolstoï. En passant par Moscou pour revenir chez lui, il voit et remarque une charmante jeune fille, dont les parents étaient des propriétaires, ses voisins, et un roman s’ébauche entre eux.

Sa première lettre, Léon Nikolaievitch l’écrit de Iasnaia Poliana, pour Moscou, où est parti l’objet de son amour. La famille de cette jeune fille se composait de la tante, une femme du monde aimant la Cour, et de ses trois nièces, V.O. et G. et d’une Française, leur dame de compagnie. Elles avaient passé l’été à S., non loin d’Iasnaia Poliana, mais au mois d’août elles étaient parties pour Moscou afin d’assister au couronnement d’Alexandre ii, le 26 août 1856.

La jeune fille s’amusa beaucoup à ces fêtes et en parla avec enthousiasme dans sa lettre à la tante de Léon Nikolaievitch. Pour lui, cette lettre fut le premier désenchantement. Se sentant attiré vers cette jeune fille, il ne pouvait la regarder que comme la future compagne de sa vie, et il sentait le besoin de lui faire partager ses idéals supérieurs de la vie sociale et de la vie familiale, et dès le commencement, il se heurte à une absolue incompréhension de ces idéals, à une complète insouciance des questions vitales les plus importantes. Mais l’espoir d’agir sur elle ne l’abandonne pas. Il compte sur sa nature jeune, malléable, et voyant quels sont ses sentiments pour lui, de toutes ses forces il tâche de l’amener à une vision sérieuse de leurs