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LÉON TOLSTOÏ

jours plus tard arrivait l’ordre du commandant du corps d’armée de Moscou, le général aide-de-camp Guildenstoube, de traduire Chibounine devant la cour martiale, en vertu de l’art. 604 du Code militaire.

Un des officiers, Stassulévitch, prit à cœur les intérêts de l’accusé. Accompagné du lieutenant Kolokoltzev, il se rendit à Iasnaïa-Poliana, chez le comte Tolstoï. Ils lui racontèrent les faits tels qu’ils s’étaient passés et lui demandèrent de se charger de la défense de l’accusé. Tolstoï y consentit, et leur promit de faire en faveur de Chibounine tout ce qui serait en son pouvoir.

La cour martiale mena l’affaire très rapidement, et le lendemain, quand Tolstoï alla chez le commandant du régiment, l’acte d’accusation de Chibounine était déjà prêt, mais l’accusé n’en avait pas eu connaissance. Le colonel Unocha consentit très volontiers à ce que Chibounine fût défendu par le comte Tolstoï.

Tolstoï, ancien officier d’artillerie, se rendait parfaitement compte de la situation désespérée de Chibounine, mais, comme homme, il croyait encore possible de le défendre, et il espérait obtenir sinon l’acquittement, du moins une atténuation de la peine.

La séance du tribunal était fixée pour 11 heures. Tolstoï arriva une heure à l’avance afin de s’entretenir avec l’accusé auquel il voulait donner courage.

La grande salle d’une maison seigneuriale, où était logé le commandant du régiment, fut transformée en salle de séances du tribunal. Le colonel