Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
LÉON TOLSTOÏ

dans son activité pédagogique. Il s’y intéressait tellement qu’il négligeait tout le reste. À cette époque, il écrit à sa parente, la comtesse A. Tolstoï :

« L’œuvre de l’enseignement est très importante. Je ne pense qu’à cela. Je suis de nouveau dans la pédagogie comme il y a quatorze ans. J’écris un roman. Mais souvent je ne puis me détacher des hommes vivants pour des héros imaginaires. »

Tolstoï voulait intéresser à son œuvre un grand nombre de pédagogues, c’est pourquoi il se décida à défendre publiquement sa méthode devant la « Société pour l’enseignement du peuple » à Moscou. Dans la séance du 15 janvier 1876, Tolstoï défendit sa méthode d’enseignement de la lecture et de l’écriture et critiqua vivement la méthode phonétique. Un reporter écrivit après cette séance. « On peut dire que cette séance fut extraordinaire, sous tous les rapports. La très grande salle des séances était littéralement envahie par le public, de sorte qu’un grand nombre de personnes durent rester debout, chose fort rare[1]. »

À l’appui de ses raisonnements, Tolstoï proposa d’expérimenter sa méthode dans une des écoles de fabriques, voisines de Moscou. Après cette expérience, on décida d’en refaire une autre, sur une plus grande échelle ; et l’on choisit à cet effet deux écoles de Moscou ; l’une, celle de M. Protopopov, où la méthode phonétique était en usage ; l’autre, celle de P. V. Morosov, qui enseignait d’après la méthode de Tolstoï. Au bout de sept

  1. Compte rendu sténographique, publié dans les Bulletins du clergé de Moscou, 1874, no 10. Rousskia Viedomosti, no 31.