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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/169

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VIE ET ŒUVRE

rentrent par groupes, avec les poulains. Ensuite, je bois du koumiss et vais me promener, ordinairement au village. Là je rencontre les autres buveurs de koumiss : naturellement, je les connais tous. Il y a l’intendant du comte Ouvarov, avec barbe et lunettes, un vieux bonhomme très solide ; un étudiant de Moscou, le plus typique, c’est pourquoi très ennuyeux ; un substitut du procureur, petit bonhomme en blouse qui parle très posément et s’anime quand il est question du tribunal, mais pas désagréable. Sa femme connaît Tomachevsky et les étudiants. Elle fume et porte les cheveux courts, mais elle n’est pas sotte. Il y a encore un propriétaire de Mourom, un beau jeune homme, qui n’a pu terminer l’université de Moscou. Tous, même Stepan, l’appellent Kostia. Il est très sympathique. Tous ceux-ci forment une compagnie. Ensuite il y a une autre compagnie : un prêtre, presque mourant (très à plaindre) et un professeur de grec dans un séminaire. Stepan le déteste. Il suppose qu’il donnait de mauvaises notes à tout le monde. Il y a aussi un restaurateur de Perm. Tous sont nos amis. Ensuite un frère et une sœur qui m’ont l’air de marchands, en tout cas, insignifiants. Régulièrement, moi et Stepan allons deux fois par jour chez tous, même chez les Bachkirs de nos connaissances, sans oublier le restaurateur. En outre, nous ferons une grande promenade à cheval. Chaque jour nous mangeons du mouton, que nous prenons du plat avec les mains. Pour consoler Stepan, j’ai acheté, à Samara, de la marmelade qu’il mange comme dessert[1]. »

  1. Archives de la comtesse S. A. Tolstoï.