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VIE ET ŒUVRE

montre avec le portrait de l’empereur et une robe de chambre ; et les autres, des robes de chambre, des mouchoirs, etc. Pendant les courses, en deux jours, on a mangé quinze moutons et bu une quantité considérable de koumiss. Les Bachkirs dansaient, chantaient leurs chansons nationales, jouaient de la flûte, luttaient et s’amusaient beaucoup. C’était très joli et intéressant. Quatre honorables dames bachkirs sont venues en voiture fermée, puisqu’elles n’ont pas le droit de se montrer aux hommes[1]. »

Comme à chaque voyage, cette année encore Tolstoï, accompagné de sa famille, se rendit à Bouzoulouk, pour la foire de la Saint-Pierre.

Il en profita pour visiter le couvent, où était alors un ermite vénéré du peuple. Il vivait dans une sorte de cave, d’où il sortait pour se promener dans le jardin. On montrait aux visiteurs un pommier qu’il avait planté quarante ans auparavant et sous lequel il s’asseyait pour recevoir les pèlerins. Il montra à Tolstoï et à sa famille sa demeure souterraine, le cercueil dans lequel il dormait, et le grand crucifix devant lequel il priait. Selon Tolstoï, le respect que le peuple avait pour cet homme était l’expression d’un sentiment religieux très sincère et la preuve que cet ermite satisfaisait le besoin essentiel du peuple par l’exemple de sa vie pure.

À son retour à Iasnaïa, Tolstoï écrivit à Fet, le 26 août 1875 :

« Voilà trois jours que nous sommes arrivés à bon port. Je suis déjà remis du voyage et je m’empresse de vous écrire pour vous remercier

  1. Archives de T. A. Kouzminsky.