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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/196

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LÉON TOLSTOÏ

Je pense qu’on publiera quelque chose en décembre et que désormais tout ira bien[1]. »

Au moment de faire paraître l’épilogue, il se produisit entre Tolstoï et Katkov un malentendu qui amena une rupture entre l’auteur et l’éditeur. Dans la dernière partie d’Anna Karénine, Tolstoï, sauf la description de la transformation morale qui s’accomplit en Lévine, raconte le sort du malheureux Vronski, qui, de désespoir, part pour la Serbie, comme volontaire, conduisant un détachement de cavalerie qu’il a équipé. Pour la société d’alors, c’était là un acte noble, héroïque, mais, dans le roman, Lévine critique avec peu de bienveillance, et raille même ce mouvement des volontaires, comme un de ces engouements à la mode qui se succèdent dans la société oisive. Katkov, au contraire, usait de tous les moyens dont il pouvait disposer pour exciter l’opinion et entraîner la Russie à la guerre contre les Turcs. Sur cette question, Tolstoï et Katkov ne pouvaient donc s’entendre et ils se séparèrent définitivement.

Le 22 mai 1877, Tolstoï écrit à Strakov :

« Je viens de recevoir votre deuxième lettre, et j’ai eu honte. J’ai été empêché de vous écrire, d’abord par mon roman, ensuite parce que je ne voulais rien vous dire avant que vous n’ayez lu la dernière partie. Elle est écrite depuis longtemps et je l’ai corrigée déjà deux fois. Ces jours-ci on me l’enverra pour la rédaction définitive. Malgré cela, j’ai peur qu’elle ne paraisse encore de sitôt ; et c’est à ce sujet que je veux vous demander conseil et aide.

  1. Archives de T. A. Kouzminsky.