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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/250

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LÉON TOLSTOÏ

adressée poste restante. Elle m’a beaucoup réjoui et touché. Avec le plus grand plaisir je suis prêt à renouer notre ancienne amitié et je serre fortement la main que vous me tendez.

« Vous avez raison en ne me supposant pas de sentiments hostiles à votre égard. S’il y en a eu autrefois, depuis longtemps ils sont disparus ; et il ne m’est resté de vous que le souvenir de l’homme auquel j’étais fortement attaché et de l’écrivain dont j’ai eu la chance de saluer avant les autres les premiers pas, et dont chaque œuvre nouvelle provoqua en moi l’intérêt le plus vif. Je suis très heureux que cesse le malentendu né entre nous. J’espère aller cet été dans la province d’Orel ; en ce cas, sans doute, nous nous verrons. En attendant, je vous souhaite tout le bien, et encore une fois, je vous serre cordialement la main[1]. »

Le bruit de cette réconciliation se répandit parmi les amis de Tolstoï. Fet le premier lui écrivit à ce propos, et comme lui-même était en froid avec Tourgueniev, il se hâta de suivre l’exemple de son ami. Voici comment il raconte ce fait, dans ses Souvenirs :

« En juin, à ma grande joie, N. N. Strakov est venu passer quelque temps chez nous. Il avait vu les Tolstoï avant leur départ à Samara. Naturellement la conversation tomba tout de suite sur cette famille chère à nous deux. À mon grand étonnement, il m’apprit que Tolstoï s’était réconcilié avec Tourgueniev. Quoi ? Comment ? demandai-je. Tout simplement parce qu’en son état religieux actuel il

  1. Premier recueil des Lettres de Tourgueniev.