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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/255

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VIE ET ŒUVRE

tabac elles ne me permettraient pas de les embrasser ; et j’ai cessé de fumer. »

« Tourgueniev avait le don de la parole. Il parlait volontiers et avec aisance. Il aimait plutôt raconter que causer. Il nous raconta comment, en 1852, il avait été mis aux arrêts, au poste de Spassk, à Pétersbourg, pour son article sur la mort de Gogol.

« Le comte Tolstoï racontait aussi, et ses récits me plaisaient davantage. Ils étaient nets et souvent humoristiques, toujours originaux. Il y avait en eux beaucoup de simplicité, d’imprévu et de cordialité.

« À onze heures, Ivan Sergueievitch se leva : « Il est temps d’aller à la gare », dit-il.

« Nous tous nous levâmes. La gare était à deux verstes. Tolstoï accompagna Tourgueniev. Comme j’avais besoin d’aller à Toula, je partis avec eux, Tourgueniev et Tolstoï allaient en avant, moi et ma fille dans une autre voiture, derrière eux. Sur la grande route nous avons dit adieu à nos compagnons…[1]. »

L’une des commissions que Tourgueniev avait annoncées à Tolstoï, c’était la demande de A. N. Pipine, qui publiait alors la Bibliothèque russe, d’obtenir de Tolstoï une courte biographie et des pages choisies de ses œuvres.

Cette mission ayant pleinement réussi, Tourgueniev écrivit à Pipine :

« Très cher Alexandre Nicolaiévitch, je suis allé chez le comte Tolstoï, dans sa propriété de Iasnaïa-

  1. Bulletin de la province de Tobolsk, 1893, no 28.