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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/268

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LÉON TOLSTOÏ

jeux où toutes les questions les plus importantes de la vie humaine se résolvaient toujours par l’union et l’amour.

Telles sont les sources principales et bienfaisantes qui nourrirent la jeune âme de Tolstoï, la firent sensible au bien, et provoquèrent en elle les rêves et les aspirations idéales.

Mais, d’autre part, dès sa tendre enfance, Tolstoï aperçut l’autre côté sombre de la vie. Il rencontrait des obstacles et s’arrêtait étonné devant le choc du rêve et de la réalité, du monde idéal et du monde réel ; et malgré lui il était amené à réfléchir à la solution de la contradiction de la vie. De la plus grande importance dans ce sens fut, pour Tolstoï, la mort de son père, celle de sa grand’mère, puis celle de sa tante. Ces morts l’amènent à la conscience qu’il est dans la vie des obstacles qu’on ne peut vaincre, des malheurs qu’on ne peut éviter, et qu’il faut savoir se soumettre et souffrir.

Avec ce bagage moral, voici Tolstoï qui entre dans la vie. Il devient propriétaire, et entreprend de gérer lui-même le patrimoine qu’il a reçu : Iasnaïa Poliana.

À cette époque, la gérance de la propriété était indissolublement liée à la gérance et à la tutelle des paysans, et nous voyons d’un coup comment se heurtent le rêve et la réalité et comment ce rêve se brise en morceaux. Dans l’âme de Tolstoï devait paraître la question : Comment concilier les rêves, les aspirations élevées, avec la réalité qui semble ne pas vouloir leur reconnaître le droit d’existence ? Et pourtant il ne peut renoncer à ses aspirations. Sa jeune âme en est pleine ; il vit par elles. Il ne