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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/283

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VIE ET ŒUVRE

cident avec la négation ou l’acceptation de Dieu. Il se dit :

« Qu’est-ce donc que ces exaltations et ce désespoir ? Je ne vis pas quand je perds la foi en l’existence de Dieu. Je me serais tué depuis longtemps, sans le vague espoir de la trouver. Je vis, je vis vraiment quand je le sens et quand je le cherche. Alors qu’est-ce que je cherche encore ? s’écriait en moi une voix. C’est donc lui, ce sans qui on ne peut vivre. Connaître Dieu et vivre, c’est la même chose ! Dieu, c’est la vie. »

La foi était trouvée ; il ne lui restait plus qu’à la purifier des scories du temps et de l’ignorance.


Nous avons vu que Tolstoï accepta la religion du peuple ; qu’il trouva son Dieu. Nous savons aussi que plusieurs choses de cette religion ne le satisfaisaient point : Certains dogmes, rites, prières le révoltaient, et il lui fallait des efforts inouïs pour y soumettre son esprit et son cœur. Cependant cela lui avait trop coûté pour qu’il l’abandonnât.

Si à un homme sauvé de la mort on donne un vêtement incommode, une nourriture médiocre, un abri peu confortable, cependant il en sera heureux parce que le principal, la vie, lui est donné. Tel était le sentiment qu’éprouvait Tolstoï envers la religion du peuple. Il était prêt à tout sacrifier pourvu seulement qu’il pût se tenir dans ce havre tranquille où il était arrivé après tant de souffrances.

Cependant, la raison supérieure qui l’y avait amené lui indiqua qu’il ne pouvait pas rester là. Il y avait des limites à ce sacrifice de la raison, à cette humilité, et Tolstoï sentit bientôt l’obligation