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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/305

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VIE ET ŒUVRE

« 30 octobre. Faire comprendre au gouvernement qu’il délivre la religion c’est la même chose que dire à l’enfant qu’il ne retienne pas l’oiseau quand il lui aura mis un grain de sel sur la queue : 1o la religion, tant qu’elle est religion, ne peut être soumise au pouvoir, par essence. L’oiseau vivant est celui qui vole ; 2o la religion nie le pouvoir et le gouvernement (les guerres, les supplices, les pillages, le vol, et tout cela est lié au gouvernement). C’est pourquoi le gouvernement doit forcément s’assurer la religion. Si l’on n’enferme pas l’oiseau, il s’envole[1]. »

Cette année-là, Tolstoï arrive à l’impossibilité de faire concorder les exigences de sa raison et de sa conscience avec la doctrine de l’Église, et l’étude qu’il fait de la théologie, le convainc encore de cette impossibilité.

En novembre 1879, la comtesse Sophie Andréievna écrit à sa sœur :

« Léon travaille toujours, comme il dit, mais, hélas ! il écrit des discussions religieuses quelconques. Il lit et réfléchit jusqu’à se donner mal à la tête, et tout cela pour montrer que l’Église n’est pas d’accord avec la doctrine de l’Évangile. C’est à peine s’il se trouve en Russie une dizaine de personnes que cela puisse intéresser. Mais il n’y a rien à faire. Je ne souhaite qu’une chose, qu’il en finisse au plus vite et que cela passe comme une maladie. Lui imposer tel ou tel travail intellectuel, personne au monde ne le peut, lui-même n’en a pas le pouvoir[2]. »

  1. Archives de L. N. Tolstoï.
  2. Archives de T. A. Kouzminsky.