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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/309

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VIE ET ŒUVRE

source de la connaissance du sens de la vie, que j’avais cherché dans la foi. Je me mis à étudier les livres qui exposaient la doctrine orthodoxe. Quel fut le résultat de cette étude, le voici : Si je n’eusse été amené par la vie à la reconnaissance de la nécessité de la foi ; si je n’eusse vu que cette foi est la base de la vie de tous les hommes ; si le sentiment de la vie, ébranlé en moi, ne se fût pas de nouveau raffermi ; si la base de la foi n’eût été que la confiance ; si ma foi eût été celle dont parle la théologie, alors, après avoir lu ce livre, non seulement je fusse devenu païen, mais le pire ennemi de toute religion, parce que je trouvai dans cette doctrine non seulement l’insanité, mais le mensonge conscient des hommes qui ont choisi la religion comme moyen d’atteindre leurs buts personnels. »

Et plus loin :

« Et je compris enfin que toute cette doctrine, dans laquelle, me semblait-il auparavant, s’exprimait la foi du peuple, n’était que mensonge et tromperie élaborés par des hommes, au cours des siècles, dans un but précis et très méprisable. »

Nous citerons ici quelques passages qui indiquent le caractère de la critique, et, d’un autre côté, renferment quelque allusion au drame qui se passait dans l’âme de Tolstoï durant ce travail.

Afin de ne pas être soupçonné de parti pris, Tolstoï, en commençant l’étude des dogmes, s’exprime ainsi :

« Je ne dis pas que je ne crois pas en la sainteté de l’Église. Même en me mettant à cette étude je croyais entièrement en elle, en elle seule, du moins à ce qu’il me semblait. »