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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/336

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LÉON TOLSTOÏ

ves. En outre, vous n’avez pas le droit de nier la valeur d’aucun moyen, car tout le monde sait et voit que les vôtres ne valent rien.

« Ils diront : Si tous les criminels sont relâchés, c’est le massacre sûr, quelques libérations entraînent de légers désordres ; des libérations plus nombreuses, de grands désordres ; l’amnistie générale, le massacre. Ils raisonnent ainsi, parlant des révolutionnaires comme de brigands groupés en une horde, si bien que la horde anéantie tout serait terminé. Or ce n’est pas cela du tout. Ce n’est pas leur nombre qui est important et il ne s’agit pas de détruire ou de déporter le plus possible. Que sont les révolutionnaires ? Des gens qui haïssent l’ordre de choses existant, le trouvent mauvais et travaillent en vue d’en établir un meilleur. Ce n’est point par la peine de mort qu’on peut lutter contre eux. Ce n’est pas leur nombre qui importe, ce sont leurs idées. Pour lutter contre eux, il faut lutter sur le terrain des idées. Leur idéal, c’est le bien-être général, l’égalité, la liberté. Pour lutter contre eux, il faut leur opposer un autre idéal, supérieur au leur, embrassant le leur.

« Il n’y a qu’un idéal qu’on puisse leur opposer : celui sur lequel ils s’appuient sans le comprendre et en le blasphémant, l’idéal qui renferme le leur, l’idéal de l’amour et du pardon. Un mot de pardon et d’amour chrétien prononcé du haut du trône, le geste qui montre la voie du règne chrétien, dans laquelle vous devez vous engager : cela seul peut détruire le mal dont souffre maintenant la Russie. Et comme la cire au feu, s’anéantira la lutte révo-