Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
369
VIE ET ŒUVRE

imagina le moyen suivant. Durant toute la semaine, chacun écrivait sur un papier tout ce qui lui venait en tête, sans signer, le mettait dans une boîte, et le dimanche soir, pendant le thé, on lisait à haute voix tous ces papiers. C’était toujours Léon Nicolaiévitch, ma sœur ou moi qui lisions. Les notes étaient longues ou brèves, en prose ou en vers, et présentaient une grande variété de sujets. Ma sœur écrivait toujours en vers. Léon Nicolaiévitch, lui-même, mettait parfois quelque chose dans la boîte aux lettres. J’ai conservé quelques-unes de ses œuvres, par exemple la « Liste de tous les malades », où il nous décrivait tous comme des fous, indiquant chacun par un numéro ; il avait commencé par lui-même. C’était très drôle, avec le nom de la maladie en latin. Tout le monde prenait part à la Boîte aux Lettres : enfants, précepteurs, gouvernantes, visiteurs. Il n’y avait aucune censure préventive, mais si le lecteur apercevait quelque chose d’offensant pour quelqu’un il l’omettait. »

En automne, toute la famille fit ses préparatifs pour revenir à Moscou. Voyant qu’il ne pouvait rien contre ce séjour, Tolstoï, par économie, résolut d’acheter une maison à Moscou, et il choisit un immeuble, avec jardin, rue Dolgo-Kamovnicheski, dont il surveilla lui-même les réparations. En octobre, quand toute la famille arriva à Moscou, Tolstoï, qui était déjà là, vint chercher les siens à la gare et les amena dans leur nouvelle demeure. Voici ce qu’à ce propos la comtesse écrit à sa sœur :

« 14 octobre 1882. Nous sommes arrivés à Moscou, le 8, après un très bon voyage. À Moscou, Léon nous attendait avec deux voitures. À la mai-